Girls' Raid Maroc 2004

Tu es une fille amoureuse de l'aventure, une nana qui n'a pas froid aux yeux ? tu aimes l'aventure et les sensations ?
tes qualités principales sont le courage, l'adresse, la volonté et l'endurance.
Voilà les qualités qui ont été repéré chez les huit nouvelles candidates du 3ème Yamaha Girls Maroc Raid.

"Le Girls' Raid Maroc, j'en reviens à peine, et déjà, je ne pense plus qu'à ça ! la vérité, c'est que je n'en reviens pas !!! "
Nous avons toutes en commun : le goût de la moto bien sûr mais surtout un grand courage, de la volonté, de l'obstination même. Des tripes, en gros.
Oui, des femmes remarquables.
Le groupe aussi a remarquablement bien fonctionné. L'esprit de compétition n'est jamais venu gâcher l'ambiance, n'a jamais remplacé la solidarité.
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Texte de Véronique Jacques, participante et gagnante du Yamaha girl raid Maroc 2004

Il y a deux ans, j'avais vu l'annonce pour ce concours adressé aux seules motardes. Mais j'avais renoncé à participer : m'étais dit " trop vieille (45 ans à l'époque), pas assez technique (expérience de la route et du tous chemins seulement, jamais d'enduro), ni sponsorisée ni belle blonde plantureuse. Aucune chance d'être sélectionnée ." Et puis en automne 2003, je vois par hasard le reportage TV de l'édition qui venait de s'achever ; et là, le choc : " c'est pour moi, ce truc ; je dois absolument le faire ".

Il faut dire que j'avais participé à de nombreux voyages plus ou moins sportifs dans ce type de paysage, dans le sud tunisien, le sud marocain et la Jordanie. Le plus sportif étant le rallye de Tunisie ; et le moins sportif un voyage touristique en Peugeot 205 avec ma fille de 5 ans à l'arrière, dans le sud marocain, désert avec ensablement compris. Et chaque fois, devant la beauté des paysages et la séduction des pistes, je m'étais demandé pourquoi je me trouvais là sans moto… depuis 7 ans, la moto a pris une plus grande place dans ma vie, grâce à un homme qui, lui aussi, y a pris un espace de plus en plus solide. Un motard, évidemment. Pour accompagner mon motard, je suis passée d'une Honda 250NX à une Yamaha XJ 600 N (la Diversion en version naked), puis depuis un an à un roadster BMW R1150R. Tout cela ne me fait toujours pas progresser vers l'enduro… ni vers la blonde plantureuse, il faut le reconnaître ! Mais bon, qui ne tente rien… Donc les sélections se passent, fin juillet, et miracle, je suis retenue. Les semaines ont été longues depuis le reportage TV de novembre 2003 ; elles seront bien plus longues encore entre cette sélection et le départ, le 12 octobre 2004.

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Les participantes

La plus jeune : Valérie, 22 ans
La plus… mûre, disons : moi, Véronique, 47 ans.
La plus expérimentée : Nathalie, crosswoman talentueuse depuis 24 ans
La plus débutante : Marine, expérience totale = 7 heures de moto-école.
La plus grande (par la taille mais aussi par son talent) : Joëlle
La plus petite (qui lui a valu quelques arrêts mouvementés mais son talent ést grand, son courage aussi) : Florence
La plus mariée (mais toujours sexy) : Nikka
La plus célibataire (et tout aussi ravissante) : Sylvie _________________________________________________________________________________________

L'organisation

On était vachement bien encadrées par quatre mecs : Benoît, l'organisateur, redoutable et attachant raconteur de blagues ; Gérard, le toubib motard, charmeur et bon copain à la fois ; Dédé qui connaît le terrain comme sa poche et semble ne jamais perdre son flegme ; et Michel, le mécanicien discret, serviable et généreux comme pas deux. Et une équipe TV (pour la chaîne commerciale belge, RTL-Tvi) composée d'un cameraman, Philippe, et d'un journaliste, Didier de Radigues. Didier, les Belges le connaissent et l'admirent depuis plus de 20 ans puisqu'il a fait une très belle carrière en circuit, allant jusqu'à être vice-champion du monde. Retiré de la compétition, il commente désormais les Grand Prix moto, ainsi qu'une émission hebdomadaire de sports moteurs.

Les quatre organisateurs ne nous ont jamais lâchées, ils n'ont pas ri de nos hésitations, ni de nos chutes ou de nos bobos, d'ailleurs ; nous ont poussées à nous dépasser, nous faisant sentir qu'on était capables d'y arriver, même devant des montées infernales ou des océans (j'exagère ?) de sable mou. Ils ont aussi parfaitement maîtrisé les aspects logistiques du voyage : motos au point, ravitaillements en essence juste à temps, 4x4 suiveur, accueil au campement, hôtels locaux réservés… et même de succulents repas et piques-niques du midi, en plein ramadan. Ces questions bassement matérielles étant réglées… (et par d'autres que nous, ça nous change du quotidien, ça !), nous avons pu profiter à fond du voyage.

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Le raid

Je n'ai pas encore présenté les motos : des Yamaha TTR 250, celles de l'organisation. De courageuses 4 temps qui accueillent les participants aux voyages de Bike Travel (www.biketravel.be). Nous avions fait la connaissance de nos motos lors des sélections, sur un terrain de cross belge. A notre arrivée à Agadir, elles étaient encore plus belles… ça doit être le soleil, ou l'excitation du voyage. En tout cas, elles nous ont menées à bon port, sans faillir jamais. L'itinéraire était habilement dessiné, au sud d'Agadir, dans des régions très peu touristiques. Un mélange de petites routes (le moins possible) et de pistes. Du sable, du dur et du mou ; une somptueuse longue piste en surplomb de l'océan. Très éprouvant, le sable. Mais quand on a compris le truc (en arrière toutes, et des gaz ...), c'est un régal. Et des cailloux !!! Si vous saviez la variété de cailloux que nous avons franchis : des grosses pierres semi-enterrées, des cailloux qui roulent, qui glissent, des petits et des gros, des galets au fond d'un canyon. Et des pistes de montagne, modèle chemins de chèvres, qui montent et puis descendent, et qui tournent, tournent, tournent. Si on n'est pas devenues les reines de l'épingle en dévers, avec ornières, cailloux qui glissent et roulent, le vide à gauche et quelques pièges encore à droite… ben c'est que je me suis trompée de voyage. C'était dur, je vous jure, épuisant, cassant. Mais aussi et surtout éblouissant. Jamais je n'aurais parié que j'étais capable de rouler dans ces circonstances. Après tout, on était 9 heures par jour sur nos motos, à un rythme soutenu. Et pas sur l'autoroute. Au bilan, c'est peut-être la fierté qui l'emporte. Vous en connaissez beaucoup, vous, des nanas qui peuvent faire ça ? Moi j'en connais 7. C'est pas mal. Enfin, pour couronner le tout, on a terminé la semaine par une terrifiante piste de montagne en quad et VTT. Le clou. J'ai détesté. D'autres ont été beaucoup plus enthousiastes et courageuses. Que voulez-vous, à chacun ses goûts… C'est le seul souvenir tant soit peu négatif. Et encore, je suis obligée de rire de moi-même, car honnêtement, vous m'auriez imaginée marchant à côté du VTT ? Et pourtant…

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L'itinéraire

Si je vous donne notre itinéraire, vous promettez de ne pas vous engager sur ces pistes-là sans assistance ? Ok alors, car ce serait pure folie. Si nous avons passé une semaine complète au Maroc, le raid en lui-même s'est déroulé sur quatre jours. Les trois derniers de la semaine étant consacrés au repos, au quad et au VTT.

Jour 1 : Nous quittons Agadir vers le sud ; une quarantaine de kilomètres de routes, juste de quoi faire vraiment connaissance avec notre moto. A mi-chemin entre Agadir et Tiznit, nous quittons la route pour une piste qui nous mènera à cette fameuse piste en surplomb au-dessus de l'Atlantique. Un briefing de Gérard avant d'attaquer le sable, et hop, nous voici envolées pour la partie la plus étonnante, la plus déroutante, mais aussi la plus éblouissante de notre parcours de motardes. Pour certaines ce sera la galère totale, pour d'autres, la lumière se fera à mi-parcours (n'est-ce pas, Sylvie ?) ; pour quelques privilégiées, du pur bonheur. Mais nous prenons du retard, et ne rejoindrons Aglou Plage que vers 15h30 pour un lunch très attendu. Et mérité. Les pistes suivantes seront plus faciles : sable dur ou caillasse, mais c'est la nuit bien tombée que nous rejoignons le campement de Fort Bou Jerif via une piste très cassante. On garde le moral, après tout, ça nous fera des souvenirs. Installation sous tentes berbères, matelas au sol, le ciel est splendide, on voit bien davantage d'étoiles ici que chez nous. La nuit est si noire… Un peu zombiaques, nous dînons dans l'ancien fort, et sommes accueillis à la sortie… par un charmeur de serpents. Marine reste incroyablement pleine d'énergie après cette première journée de moto de sa vie : elle est la seule à supporter le reptile autour du cou.

Jour 2 : Quelle belle nuit. Sauf pour Marine qui n'a pas dormi et accumule les angoisses. Et pour Valérie qui ne se remet pas de ses chutes dans le sable. Elle se réveille longtemps après les autres, toujours sous le choc. Il y aura de tout aujourd'hui. Du sable encore, un petit passage par " Plage Blanche ". Décidément, les bords de mer sont féeriques, ici. Pas un touriste. Quelques pécheurs ici et là. De l'espace. De belles plages. On tourne des images pour la télé, et Nat' s'éclate en faisant des ronds dans le sable. Et des cailloux aussi. Du rapide et du moins vite. Le midi (c'est-à-dire en milieu d'après-midi encore), on s'arrête à Guelmin pour un lunch tout aussi désiré que la veille. Les organisateurs connaissent le meilleur poulet rôti du coin, et nous nous jetons sur les frites locales comme la misère sur le monde. De la piste encore, puis un bout de route, pour arriver (tard) à Taghjicht. Un hôtel de montagne, je ne peux pas vous décrire l'endroit tant c'est beau. De la terrasse sur le toit, nous admirons (encore !) le ciel. La voie lactée si visible.

Jour 3 : Un bout de route, le plein dans une station très locale, devant un car de locaux très locaux, médusés devant ces femmes extra-terrestres, probablement abandonnées par les hommes pour en être réduites à des extravagances telles que ce voyage à moto. Un bout de piste confortable, et puis la plongée dans la vallée des merveilles : nous parcourons des kilomètres entiers dans le fond d'un canyon. A droite et à gauche, des parois verticales, quasi rouges. Au sol, des galets (la galère), avec parfois un banc de fech fech. Fa-ti-guant. Vers la fin du canyon, une oasis, une délicieuse palmeraie. Avec un gîte. C'est ramadan, le mari est parti. Nous contenterons-nous d'une omelette ? Oui oui oui, et ce sera la meilleure omelette du monde. Alors, on était dans ce canyon, faudra en sortir. On nous montre le chemin au loin. C'est une blague ? Jamais on ne passera. Trop " chemin de chèvre ". Eh bien ! pourtant, il faudra bien y passer. Je vous le disais plus haut : ça monte et ça descend et ça tourne sans arrêt, etc. " Roulez groupées, la Télé veut des images ". On devra renoncer à rouler ensemble : trop dangereux. Mais heureusement aucune chute grave. Remarquez, les bobos s'accumulent, des bleus, des coups, des griffes. Mais encore une fois rien de grave. L'étape est à Tafraoute, une petite ville tranquille. Notre hôtel, en plein centre, tranquille aussi. Très local. Nous optons pourtant pour un apéro dans un hôtel plus touristique : on aura plus de choix pour un drink relaxant. Sauf Joëlle, qui a besoin de courir pour se re-dynamiser (moi, je comprends pas son système…).

Jour 4 : Ce matin, on a un peu de temps pour faire le tour du petit souk de Tafraoute. Gérard connaît le meilleur vendeur de bijoux, le meilleur artisan en babouches. Je trouve de l'huile d'argane, à 25% du prix d'Agadir. On bourre tout dans le 4x4. Et en route. Ca sentait peut-être la fin, mais on va encore déguster. Des pistes et petites routes de montagnes, à se demander quand ça va s'arrêter de tourner. Horreur, 3km avant la fin de la dernière piste, Nikka se loupe avant un virage, glisse sur un caillou, et reste au sol. Douleur terrible. Si Nikka tombe, super Nikka, comment pouvons-nous espérer résister ? Heureusement il y aura (beaucoup) plus de peur que de mal, elle est solide, les radios faites le soir-même à Agadir ne montreront aucune fracture. C'est en souriant, bras en écharpe tout de même, et genou bandé, qu'elle nous retrouvera au repas du soir chez Claude. Un Belge presque totalement installé à Agadir, qui dispose d'un gîte, et héberge les précieuses motos. Il nous sert des tajines de dromadaire inoubliables. Mais avant de lui déposer nos motos, nous avions fait un arrêt apéro à Agadir. Je ne dirais pas hystériques, mais enthousiastes. Une dernière chute dans un rond-point pour notre Flo épuisée par cette moto décidément trop haute, un demi-tour d'honneur pour Marine sur l'avenue touristique, un petit wheeling côté Nathalie, la tête légère et un peu folle pour toutes. Benoît presque partout en wheeling. Tout est bien qui finit bien. Nous devons donc déposer nos machines au garage. Valérie lui dépose un baiser pudique sur la selle. Je ne laisse à personne le soin de pousser la mienne à l'intérieur.

La suite Hélàs, on y est déjà, dans la suite. Il a bien fallu revenir. Heureusement, téléphones et mails fonctionnent à tout berzingue. On ne perd pas le contact avec les autres. On échange les photos, et déjà les souvenirs. Et qu'est-ce qu'on casse les pieds à nos entourages ! Les pauvres, non seulement ils ne l'ont pas vécu, ce fameux raid ; mais en plus il faudrait qu'ils s'y retrouvent dans nos anecdotes, qu'ils rient ou s'émeuvent à nos évocations lyriques… Pour moi, évidemment, il y aura une vraie suite. Car sur un vote (secret), il avait été décidé d'abandonner le challenge pour un tirage au sort. Et c'est mon prénom qui est sorti du chapeau. J'ai donc gagné un nouveau voyage. Je ne retournerai pas au Maroc, l'organisateur m'autorise à convertir la valeur du cadeau sur une autre destination. Ce sera en février : Sénégal-Gambie-Guinée. Avec mon amoureux motard notamment. Et il a intérêt à bien se tenir, car les filles vont me manquer !

Merci à Véronique Jacques pour les commentaires et à Benoît Warnotte pour les d'informations concernant ce raid !


[Véronique Jacques]